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En
regardant ce sigle beaucoup se souviendront de cette conserverie
qui a tenu le haut du pavé pendant des décennies.
J'apporterai ici des éléments de souvenirs, des anecdotes,
des réalités où le travail de cette époque
nourrissait une grande partie de la population bigoudène.
J'essaierai d'expliquer ce que fût le travail de ces bigoudènes
depuis la création de cette usine en 1926 et ce qu'elle devint
au fil des années. Je n'ai pas beaucoup de documents sur
toutes ces périodes alors que j'aurai pu en avoir mais je
n'ai pas pensé qu'un jour je puisse développer une
"histoire" sur ce haut lieu de la bigoudènie. Il
reste toujours des bâtiments achetés par la commune
de PLONEOUR LANVERN où des manifestations ont lieu. Dommage
certainement pour cette population bigoudène que cette conserverie
ait dû fermer pour des raisons que j'évoquerai au fil
des pages que je pense développer. J'avais d'ailleurs soumis,
au temps où j'y étais, d'écrire avec l'un des
plus anciens employés de cette usine, un livre rappelant
les faits les plus marquants de cette entreprise. Je lui en parlais
encore en 2005 mais hélas, il nous a quittés en 2006
emportant avec lui tous les souvenirs et les secrets de cette usine.
Néanmoins il m'en a laissé beaucoup durant les années
où nous avons, coude à coude, oeuvré pour la
même cause. En préambule, je laisse une pensée
ici pour Daniel, Félix, Georges, les fils du fondateur Sébastien
(que je n'ai pas connu, puisque décédé avant
que je ne vienne sur cette terre) mais aussi Guillaume, Jean-François,
Pierre, Yvon, Pierrot, Claude et tous ceux qui sont partis. J'aimerais
ajouter un mot. J'en oublie beaucoup et qu'ils m'excusent mais leurs
noms reviendront au fil des pages. Je ne mettrai pas tout car j'avais
écrit un livre il y a de cela maintenant 25 ans. A ce moment
j'ai pu mettre noir sur blanc les principales choses dont j'étais
témoin pendant ces années tout comme les anecdotes
qui m'étaient rapportées. Dommage qu'à l'époque
nous n'ayons pas, Guillaume et moi, parachevé notre idée
d'écrire ce livre. Alors je l'ai écrit à l'époque
tout seul. J'avais délaissé l'écriture de mes
chansons car
j'avais estimé qu'il fallait être réaliste dans
ce monde difficile de la musique. Je vous raconterai comment j'ai
vécu les événements de mai 1968 dans cette
entreprise. Chacun de ceux qui ont travaillé dans cette usine
pourrait écrire, à sa manière, les vécus
de cette entreprise mais chacun aussi a sa façon d'appréhender
les événements de façon différente.
Ceux qui verront ce "sigle" se rappeleront de tant de
choses, bonnes comme mauvaises, mais l'interprétation que
je vais donner et que j'ai mise dans mon livre est la mienne. Il
est évident que chacun a son opinion, ses idées et
sa différence à disserter le sujet à sa façon.
Il reste toujours en vie des personnes qui ont contribué
à faire l'histoire de cette entreprise et que ces lignes
pourraient leur rappeler des temps pas encore si lointains. Je finirai
ce préambule par une précision.
Dans une interview sonore j'ai pu apprendre
qu'à l'usine Raphalen, il y a
eu des "portugaises", que
les hommes convoitaient. Il était
dit qu'elles avaient leur dortoir route
de Tréagat. Le raconter peut
faire mais il n'y a jamais eu de portugaises
à l'usine Raphalen. Par contre
il y a bien eu des portugais lors des
campagnes de légumes. Ils dormaient
dans la petite maison dans l'enceinte
de l'usine. Ils étaient peu nombreux.
Quant aux femmes ayant leur dortoir
route de Tréogat, il s'agissait
des ouvrières venant du Cap Sizun,
saud une qui venant de Quimper originaire
d'Alger. |
1.
Sébastien
Raphalen :

Sébastien
RAPHALEN a 54 ans lorsqu'il crée,
en 1926, l'entreprise qui porte
son nom, alors qu'il est connu comme
commerçant en oeufs, beurre
et lait. Jadis situé à
la sortie du bourg, route de Tréogat,
lieu actuel de Groupama où
il commence
à produire des conserves
de légumes.
Un début se composant d'une
dizaine de femmes, d'un employé
de bureau, d'un chauffeur et d'un
sertisseur. Puis il transfère
sa petite usine route de Pont-l'Abbé
afin d'augmenter sa production.
A l'époque les
boites de conserves voyagent dans
des caisses en bois, assemblées
par des pointes où la lourdeur
n'avait aucune mesure avec les cartons
d'aujourd'hui. Les agriculteurs
du secteur se mettent à produire
des petits pois dans des parcelles
parfois restreintes. La loi du nombre
fait la suffisance quantitative
quant à leur appertisation.
Son installation ne fera pas que
des heureux : l'agriculteur touchant
les terrains de l'usine se plaint
des odeurs, des déchets provenant
de l'entreprise autorisée
à produire des conserves
alimentaires. L'entre deux guerres
permet une expansion rapide avec
ses enfants qui l'aideront à
savoir, Daniel, Félix et
Georges. Lors de la déclaration
de guerre, en 1939, ses enfants
sont mobilisés. Il reste
seul à faire tourner l'usine
avec Guillaume Le Floc'h. Pendant
cette période, les occupants
feront produire d'autres conserves
comme des compotes, des confitures,
des conserves de fraises. Au pays,
les opposants menacent de mettre
le feu à l'usine. L'un de
ses fils, Daniel, revient au pays
s'échappant de la poche de
Dunkerque. Il vient seconder son
père à l'entreprise
familiale éponyme. A l'armistice
de 1945, la conserverie reprend
ses activités habituelles
mais Sébastien Raphalen ne
verra qu'une ébauche de reprise
puisqu'en janvier 1947, il s'éteint
dans la froideur du climat bigouden
où la neige ne permettra
son transport en corbillard mais
sera dépêché
une camionnette de l'usine pour
le mener à sa dernière
demeure,
à quelques mètres
de l'endroit où il s'installa,
au départ, à Plonéour-Lanvern.
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2.
Ses
boites de conserves de légumes
:

Sébastien
RAPHALEN marque de son nom les
conserves ses fabrications en
mettant S. Raphalen. Il choisit
de mettre une bigoudène
en illustration, dite être
sa fille, avec un losange l'encadrant.
Les différentes illustrations
se feront suivant les produits
dans un linéaire concerté
afin que le client puisse se
référer. L'image
de marque a son importance pour
celui qui devient la plus grande
entreprise de la commune. Sur
le mur, longeant la cantine,
son nom est peint et il y restera
très longtemps après
sa disparition. Il n'est pas
le seul à appertiser
les légumes puisque Noël
Larzul avait commencé
par faire des conserves d'escargot
continuant sur les légumes
et les poissons. Dans la gamme
des petits, mis à part
les catégories : extra
fins, très fins, fins,
moyens, la recette ne changeait
pas beaucoup car c'était
des petits pois à l'étuvée
avec sucre et sel. Par la suite,
une fabrication avec laitue
et oignons s'ajoutera bien plus
tard, de même que des
fabrications spéciales
pour l'Allemagne qui préfèrent
le naturel. A l'époque
cela ne se faisait guère.
Prendre l'attache de représentants
était primordial car
la demande est grande dans toutes
les épiceries, grossistes
de l'époque. Sébastien
RAPHALEN n'avait pas perdu de
vue ses ambitions sur le foncier
qu'il achètera sans compter,
ayant même un employé
qui était chargé
de lorgner les surfaces ou même
les fermes disponibles. Les
conserves de légumes
avaient une grande valeur ajoutée,
ce qui permettait d'établir
et de se restituer une grande
marge. Sébastien RAPHALEN
exerçait sous son propre
nom. A son décès,
ses héritiers vont constituer
une société en
commandite simple qui attribue
à chaque associé
un rôle précis.
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3.
Ses
boites de conserves de poisson
:

Sébastien
RAPHALEN marque de son nom
les conserves ses fabrications
en mettant S. Raphalen.
Il choisit de mettre une
bigoudène en illustration,
dans un décor différent
sur les poissons. La panoplie
est plus large dans les
conserves de poissons car
il se cuisine à différentes
sauces : huile d'olive,
huile d'arachide, à
la tomate, au citron et
plus tard à la ravigote.
Ensuite les formats vont
de la boite 1/15P à
la 3/1P soit 1/15P, 1/10P,
1/4P30, 1/3P40, 1/2P, 1/1P
et 3/1P dans chaque catégorie
de produits. Chaque catégorie
a une couleur différente
qui va de façon linéaire
à ces formats sauf
les formats 1/1P et 3/1P.
Les boites sont à
décollage avec une
languette permettant de
l'ouvrir facilement d'autant
qu'une petit clé
est collée à
la boite. Le format 1/3P40
était assez usuel
à l'époque
car, contenant 7 à
8 sardines il représentait
le format idéal.
En effet, les sardines à
l'huile étaient servies,
à quatre heures,
lors d'une visite de la
famille. Raphalen, nom de
famille, devient une marque
déposée. Différents
logos seront utilisés
pour la marque Raphalen
et d'autres marques propriétaires
seront associées
par la suite par la création
ou les rachats.
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3.
Ses
origines :

Sébastien
RAPHALEN est né à
Plovan le 20 juin 1872,
fils de Charles Raphalen
maire de Plovan. Il
se marie, en 1900, avec
Marie Louise LUCAS de
Plonéour-Lanvern,
et devient le beau-frère
de Jean Marie CARVAL
de la lignée
de Jean-Alain
CARVAL.
Il s'installe à
Plonéour-Lanvern,
dit le bourg, route
de Tréogat où
il sera marchand de
beurre, d'oeufs et de
lait. Son entreprise
est florissante car
il obtient des gros
marchés avec
l'armée. Il est
aussi marchand de biens
et achète des
terres et des fermes
à Plonéour-Lanvern.
Sa signature sera aposée
presqu'à l'indentique
sur ses boites de conserves
un moment donné
notamment sur celles
qui devront apparaître
comme étant de
qualité irréprochage.
Lorsqu'en 1926, il réalise
sa première série
de sardines à
l'huile, il la gardera
toute comme un repère.
La suite dira qu'il
avait raison. Les premières
conserves sont fabriquées
route de Tréogat
au fond de son atelier.
Sébastien RAPHALEN
était appelé
"ar vieux"
dont finalement on ne
sait pas trop pourquoi.
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